Le récit bref est un fait d’écriture spécifique et multiforme qu’on peut recenser à certaines
époques de productions culturelles plus qu’à d’autres, et dans certaines aires géographiques et
linguistiques plus que dans d’autres. De nombreux travaux scientifiques de référence parus
ces vingt dernières années portent sur l’esthétique de la nouvelle, sur l’émergence et la
diffusion des genres narratifs brefs depuis le Moyen Âge, ou encore sur les techniques
narratives spécifiques au récit bref, et éventuellement sur les modes d’intégration d’éléments
hétérogènes dans le récit (matériel iconique ou matériel verbal oral). Nous restreindrons pour
notre part la question à deux aspects principaux :
1/ Les principes de composition du récit bref : quels auteurs, pourquoi, comment ? Du point
de vue de l’économie narrative, les notions qui viennent spontanément à l’esprit sont celles de
concision, de célérité de la narration, de densité, d’unité, voire de tension dramatique. Selon
les cas observés, des questions spécifiques peuvent surgir comme celle du discontinu : au sein
des recueils, comment se négocie la tension entre une matière éparse et un dispositif unifiant ?
La question du rapport au réel et à l’actualité est également un trait définitoire de certains
genres relevant du récit bref, comme la nouvelle ou le fait divers : ce rapport est-il exclusif
toujours d’éléments merveilleux, fabuleux ou mythiques ?
2/ La particularité de la réception : quels lecteurs, pourquoi, comment ? La brièveté est-elle
une esthétique choisie ou une adaptation aux compétences des lecteurs ? Comment expliquer
que certains romans-fleuves ou séries, souvent d’origine anglo-saxonne, obtiennent un large
succès auprès de la jeunesse, alors qu’au contraire, les récits brefs gagnent du terrain dans la
production de littérature générale adulte ? Le récit bref engage donc à interroger les
compétences de lecture (adulte et enfantine) et les principes de composition et de narration
des auteurs contemporains s’adressant à tous publics
